L'importance de dépister tôt le cancer colorectal
Le dépistage consiste à examiner des patients potentiels afin de s'assurer qu'un cancer du côlon n'est pas en train de se développer. Il permet de diagnostiquer un cancer colorectal avant même que des symptômes ne fassent leur apparition.
Le dépistage précoce du cancer du côlon est fondamental pour le prendre rapidement en charge et augmenter les chances de guérison et donc de survie. En effet :
- le taux de survie à 5 ans est de plus de 90 % lorsque le cancer colorectal est dépisté et traité précocement (au stade I) ;
- la mortalité de ce cancer est réduite de 16 % grâce à ce dépistage.
Le dépistage doit poursuivre divers objectifs :
- informer le public de l'intérêt du dépistage (trop insuffisant aujourd'hui, d'où l'importance de campagnes de sensibilisation comme le Côlon Tour) ;
- expliquer les résultats des tests de recherche de sang occulte dans les selles (RSOS), notamment lorsqu'ils sont positifs ;
- faire passer des examens complémentaires en cas de résultats positifs (or, seuls 85 % des personnes ayant eu un résultat de RSOS positif passent ensuite une coloscopie) ;
- mettre en place une base de données (gérée par l'Assurance maladie) destinée à avertir les personnes à risque lorsqu'il est temps de refaire des examens.
Dépistage organisé du cancer colorectal
Le dépistage organisé a été instauré en France en 2008. Des structures de gestion départementales du dépistage du cancer colorectal coordonnent diverses actions :
- Elles identifient les populations cibles (hommes et les femmes âgés de 50 à 74 ans) et les invitent par courrier à consulter leur médecin généraliste, un gynécologue, un hépato-gastroentérologue ou un médecin d’un centre d’examen de santé du régime général d’assurance maladie, pour qu'il leur remette un kit de dépistage gratuit comprenant notamment la fiche d’identification à remplir, le tube de prélèvement, le sachet de protection du tube et l'enveloppe T de retour du test. Ce test et son analyse sont remboursés à 100 % par l'Assurance maladie.
- Trois mois après le premier courrier, si le test n'a pas été réalisé, elles relancent les patients par courrier et une nouvelle relance est effectuée six mois après (ce troisième courrier contient le test à réaliser).
- Elles assurent la formation des généralistes.
- Elles assurent le suivi des résultats et la transmission des données à Santé publique France (ayant repris en 2016 les missions de l’Institut de Veille Sanitaire-InVS) qui a fait du dépistage du cancer colorectal une action prioritaire pour l’année 2018.
Afin d’inciter la population à effectuer ce test, un arrêté du 1er octobre 2020 prévoit une expérimentation sur 36 mois, consistant en l'envoi postal à domicile du kit de dépistage du cancer colorectal, dès l'invitation, et sans commande préalable. En outre, depuis le 1er mars 2022, les personnes de 50 à 74 ans concernées par le programme national de dépistage du cancer colorectal peuvent commander leur kit de dépistage en ligne et le recevoir chez elles.
Bon à savoir : la consultation au cours de laquelle le test de dépistage est remis au patient est prise en charge par l'Assurance maladie dans les conditions habituelles.
Méthodologie du dépistage
La méthode employée est simple à mettre en place. Il s'agit de la recherche de sang occulte dans les selles (RSOS). En France, on utilisait un test au gaïac (type de bois) : le test Hemoccult II®, qu'il est possible de réaliser chez soi. Ce test avait été validé par la Haute Autorité de Santé (HAS) en 2008 car, malgré ses faibles performances (il ne détecte qu'un cancer sur deux), il est à la fois :
- simple à mettre en œuvre ;
- bien accepté par les patients ;
- sans danger ;
- peu onéreux ;
- facilement reproductible.
Déroulement du test
Le test de dépistage se déroule de la manière suivante :
- Il suffit de prélever, à l'aide des spatules fournies, 2 petits bouts de selles (de la taille d'un pois) sur 3 selles consécutives et de les déposer sur une plaquette (il y en a 3). Chaque plaquette correspond à une selle et permet le dépôt de 2 échantillons.
- Les prélèvements sont ensuite adressés par courrier (via une enveloppe T pré-affranchie fournie avec le test) à un centre d'études. Le délai entre la date de réalisation du premier test et la date de réception au laboratoire ne doit pas excéder 2 semaines. Il est conseillé de poster le test en semaine et de le réaliser dans les 24 heures qui précèdent l'envoi.
- Les résultats et le compte rendu sont ensuite communiqués dans les 15 jours simultanément au patient (par courrier ou par mail pour les personnes inscrites sur le site www.resultat-depistage.fr), à son médecin et à la structure départementale assurant le dépistage du secteur. Un retour d’information régulier vers les professionnels de santé sera effectué par la structure de gestion du dépistage.
À noter : depuis 2013, de nouveaux tests immunochimiques de RSOS (ou TIRSOS) permettent de détecter des traces de sang via des anticorps spécifiques du sang humain. Ce type d'analyse automatique qui nécessite moins de prélèvements et qui est donc plus facile à mettre en œuvre a été intégré en avril 2015 dans le programme national de dépistage organisé. Il permet de détecter 2,4 fois plus de cancers et 3,7 plus d’adénomes avancés (lésions précancéreuses) que l’ancien test au gaïac.
Résultats du test
On peut faire les lectures suivantes des résultats du test Hemoccult :
- Un résultat négatif (plus de 96 % des cas) signifie qu'aucune présence de sang n'a été décelée dans les six prélèvements de selles. Un nouveau test devra être réalisé 2 ans plus tard.
- Lorsque ce test est positif (moins de 4 % des cas), cela signifie que du sang a été retrouvé dans les selles. On prévoit alors une coloscopie, examen qui est indispensable pour pouvoir poser un diagnostic. À ce stade, rien ne permet encore d'affirmer qu'un cancer colorectal est présent (il peut s'agir de la présence d'hémorroïdes par exemple).
À noter : la plupart des cancers ou des polypes ne saignent que de façon intermittente (pour 1/3 d'entre eux une fois par semaine seulement), d'où la possibilité de passer à côté d'un cancer.
Bon à savoir : environ 3 % des tests sont non analysables car incomplets (le nombre de plages remplies est inférieur a 6 et aucune n'est positive), trop humides, non datés, trop volumineux ou trop anciens (plus de 15 jours).
Suite à un résultat d'Hemoccult II® positif, on retrouve en moyenne :
- un cancer colorectal dans 8 % des cas seulement ;
- des polypes de grande taille dans 30 à 40 % des cas.
Environ 75 % des cancers dépistés grâce à une RSOS sont des cancers du côlon de stade I. Le taux de guérison est donc excellent à 5 ans.
À qui s'adresse le dépistage du cancer colorectal ?
Les patients ciblés à qui s'adresse ce type de dépistage sont déterminés par leur âge et certains facteurs de risques.
Personnes âgées de plus de 50 ans
Le dépistage est recommandé chez les personnes (hommes et femmes) âgées de plus de 50 ans. En principe, ces personnes reçoivent tous les 2 ans un courrier les invitant à consulter leur médecin traitant qui évoquera l'éventuelle nécessité de réaliser des examens. Ces patients représentent près de 80 % des cas de cancer colorectal mais seul 1/3 d'entre eux pratique le dépistage (il faudrait au moins le double pour un dépistage efficace et au niveau européen on estime que le taux de 45 % est le minimum jugé acceptable).
Pour ces personnes, le test de recherche de sang occulte dans les selles suffit. Mais si, entre deux tests, des symptômes surviennent (par exemple : présence de sang dans les selles, maux de ventre soudains, amaigrissement, etc.), il ne faut pas hésiter à consulter son médecin.
À noter : moins de 5 % des cancers du côlon font leur apparition avant l'âge de 50 ans.
Personnes à risque
Une surveillance individualisée avec des coloscopies régulières est à prévoir chez les personnes présentant les causes connues de cancer du côlon :
- celles qui ont des antécédents personnels ou familiaux de cancer du côlon ;
- celles qui présentent une colite ulcéreuse ou iléite régionale (ou maladie de Crohn) avec des coloscopies à réaliser tous les 2 ans suite à la coloscopie de dépistage et ce, pendant 20 ans, puis tous les ans ;
- celles qui présentent des polypes colorectaux de plus d'1 centimètre.
Ces personnes à risque représentent environ 20 % des cas de cancer du côlon.
Personnes à haut risque
Les personnes à haut risque de cancer sont celles qui souffrent de certains syndromes héréditaires tels que la polypose adénomateuse familiale ou le syndrome de Lynch (HNPCC).
Ces personnes doivent réaliser une consultation spécialisée afin de procéder à une évaluation du risque génétique et de bénéficier d'un suivi personnalisé. Elles ne représentent pas plus de 3 % des cas de cancers du côlon.
Personnes ne présentant pas de risque particulier
Pour un dépistage optimisé (tous cancers confondus) des personnes ne présentant pas de risques particuliers, l'Institut National du Cancer (INCa) met à disposition des outils personnalisés (site Vosconseilsdepistage). Ils peuvent être utilisés par les patients comme par les professionnels de santé pour proposer le dépistage aux personnes concernées, mais aussi pour mieux les accompagner.
Nouveau test de dépistage
L'équipe du professeur Patrizia Paterlini-Bréchot a mis au point une technique de dépistage (ISET), permettant de repérer un cancer à partir d’une simple prise de sang. Cette méthode permet de détecter le cancer avant qu’on puisse l’observer par imagerie médicale et même avant l'apparition des symptômes.
Grâce à cette technique, on peut repérer les cellules tumorales circulantes dans le sang et les étudier afin de s’assurer de leur nature cancéreuse.
Aussi dans la rubrique :
Symptômes et diagnostic du cancer colorectal
Sommaire
- Symptômes et manifestations
- Diagnostic et dépistage