Diagnostic du cancer du côlon

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Le diagnostic du cancer du côlon reste une étape essentielle dans sa guérison (il s'agit du 3e cancer le plus souvent diagnostiqué). Mais la prévention, via un dépistage le plus précoce possible, et la réceptivité face à des symptômes chroniques et/ou soudains, permettront également d'obtenir des statistiques plus encourageantes.

Rôle du diagnostic du cancer du côlon

Procéder à un diagnostic minutieux du cancer du côlon est essentiel pour plusieurs raisons. Il s'agit de :

  • confirmer la présence d'un cancer colorectal ;
  • déterminer la nature de ce cancer (dans le cadre du cancer du côlon, on a presque systématiquement affaire à un adénocarcinome) ;
  • déterminer son siège exact (dans quelle partie du côlon ou du rectum) ;
  • déterminer son stade (44 % des cancers du côlon et 47 % des cancers du rectum sont diagnostiqués à un stade précoce) ;
  • élaborer le plan du traitement à mettre en place.

Bon à savoir : un test de dépistage du cancer colorectal est proposé tous les deux ans, aux femmes et aux hommes de 50 à 74 ans, asymptomatiques et sans antécédent personnel ou familial. Afin d’inciter la population à effectuer ce test, un arrêté du 1er octobre 2020 prévoit une expérimentation sur 36 mois, consistant en l'envoi postal à domicile du kit de dépistage du cancer colorectal, dès l'invitation, et sans commande préalable. En outre, depuis le 1er mars 2022, les personnes de 50 à 74 ans concernées par le programme national de dépistage du cancer colorectal peuvent commander leur kit de dépistage en ligne et le recevoir chez elles.

Déroulement de la consultation

La consultation auprès d'un médecin et/ou d'un gastro-entérologue est souvent la première étape pour diagnostiquer un cancer colorectal. Au cours de cette consultation le médecin va collecter de nombreuses informations vous concernant en vous posant les questions suivantes :

  • Quels sont vos éventuels symptômes ?
  • Quels sont vos antécédents médicaux personnels ?
    • Des polypes ont-ils déjà été décelés ?
    • Avez-vous déjà eu un cancer colorectal ?
    • Souffrez-vous d'une maladie inflammatoire de l'intestin (colite ulcéreuse ou iléite régionale) ?
  • Quels sont vos antécédents médicaux familiaux ?
    • Y a-t-il des cas de cancers colorectaux (ou d'autres cancers) dans votre famille ?
    • Y a-t-il des cas de polypose adénomateuse familiale ou syndrome de Lynch dans votre famille (ce syndrome est à l'origine d'environ 3 % des cancers colorectaux, sachant qu'il prédispose également à d'autres cancers) ?
  • Quelles-sont vos habitudes alimentaires ?
  • Consommez-vous de l'alcool ?
  • Fumez-vous ?
  • Pratiquez-vous une activité physique ou sportive ?
  • Avez-vous récemment perdu du poids sans raison apparente ?

Suite à cet interrogatoire, le médecin va réaliser un examen clinique consistant à :

  • Palper l'abdomen.
  • Éventuellement pratiquer un toucher rectal. Cela permet au médecin de palper la paroi du rectum pour s'assurer qu'elle est normale et qu'elle ne présente aucune lésion. Cet examen permet à lui seul de détecter 2 tumeurs du rectum sur 3. En revanche, il ne permet pas d'affirmer que celles-ci sont bel et bien cancéreuses.

Bon à savoir : en 201f8, les âges médians au diagnostic sont de 71 ans chez l’homme et de 73 ans chez la femme.

Confirmer le diagnostic du cancer du côlon

Pour confirmer la présence d'un cancer colorectal, on va généralement avoir recours à une coloscopie ou une rectoscopie.

Coloscopie : déroulé de l'intervention

L'un des examens déterminants lorsqu'on suspecte un cancer du côlon est la coloscopie. Elle est programmée lorsqu'un test de dépistage de cancer colorectal se révèle positif ou, de façon régulière, chez les personnes à risque. Elle est pratiquée par un gastro-entérologue.

On introduit (pendant 15 min) dans l'anus un tube souple (coloscope) d'1 centimètre de diamètre et d'environ 2 mètres de long muni :

  • d'une caméra miniature connectée a un écran ;
  • de fibre optique ;
  • d'une source lumineuse ;
  • d'un canal d'insufflation (pour insuffler de l'air de façon à déplisser les parois et permettre la progression de l'endoscope) ;
  • d'un canal d'aspiration ;
  • d'un canal pour passer les instruments (pince à biopsie et/ou anse diathermique).

C'est en retirant lentement l'endoscope (en une vingtaine de minutes) que le gastro-entérologue inspecte les parois internes du côlon et du rectum qui doivent normalement être planes. En visualisant directement les images sur un écran, il peut :

  • facilement repérer d'éventuelles lésions ou polypes colorectaux ;
  • si nécessaire, les retirer ou pratiquer une biopsie, c'est-à-dire qu'il en prélève un morceau pour le faire analyser au microscope dans un laboratoire d'anatomopathologie.

Coloscopie : caractéristiques

La coloscopie présente les caractéristiques pré et post-opératoires suivantes :

  • Cet examen est réalisé sous anesthésie générale (donc à jeun depuis la veille à minuit).
  • Pour s'y préparer, le patient doit adopter un régime alimentaire spécial (dit « sans résidu ») deux jours plus tôt. Il ne doit consommer ni laitage, ni viande grasse, ni légume, ni fruit (c'est-à-dire pas de fibres alimentaires) et privilégier le riz, les pâtes, les viandes maigres (volaille) et le poisson.
  • La veille de l'examen, le patient doit avaler un médicament laxatif (d'assez mauvais goût) à base de polyéthylène glycol (PEG) qui va entraîner une diarrhée de plusieurs heures visant à vider le côlon (purge ou préparation colique). si le côlon n'est pas suffisamment nettoyé, l'examen peut être suspendu et reprogrammé.
  • Aucun traitement anticoagulant, ni aucun aspirine ne doit être pris pour limiter les risques d'hémorragie.
  • Les patients peuvent rentrer chez eux le jour même.

La coloscopie peut entraîner 0,2 ‰ de décès :

  • par perforation colique (10 ‰ des coloscopies) ;
  • par hémorragie (16 ‰ des coloscopies).

À noter que les sujets de plus de 75 ans ont un risque plus élevé de complications survenant dans les 30 jours qui suivent la coloscopie, comparativement aux sujets ayant entre 50 et 75 ans.

Bon à savoir : la coloscopie virtuelle (ou coloscanner) réalisée à l'aide d'un scanner est efficace pour détecter des lésions, mais elle ne permet pas de réaliser de biopsie. Elle est donc réservée aux personnes chez qui la coloscopie est dangereuse ou difficile à pratiquer.

Rectoscopie

La rectoscopie est un examen assez proche de la coloscopie puisqu'elle consiste à introduire un endoscope (rigide cette fois) permettant d'analyser le rectum lorsque le médecin a décelé une anomalie au toucher rectal.

Cet examen permet :

  • de réaliser une biopsie (qui permettra de déterminer la nature de la lésion) ;
  • d'examiner la lésion ;
  • de localiser la lésion (ce qui est indispensable pour adopter la bonne approche chirurgicale s'il y a lieu).

Cet examen qui ne nécessite pas d'anesthésie ne dure pas plus de 10 minutes. Quoique généralement indolore, il est souvent désagréable.

Déterminer le siège et l'étendue du cancer

Le siège et l'étendue du cancer est généralement repéré au cours de la coloscopie. Mais ils peuvent être précisés lors d'examens complémentaires comme le scanner, l'échographie ou l'IRM.

Scanner

Si le cancer colorectal est déjà à un stade avancé, il peut s'avérer nécessaire de procéder à un scanner (ou TDM pour tomodensitométrie) afin d'évaluer l'extension de la tumeur du côlon et de rechercher d'éventuelles métastases. On réalisera généralement :

  • un scanner thoracique afin d'examiner les poumons ;
  • un scanner abdominal pour examiner le foie ;
  • un scanner pelvien pour examiner les organes du petit bassin (prostate et utérus).

L'examen ne dure qu'1/4 d'heure et est totalement indolore. Il permet de repérer des anomalies de quelques millimètres seulement. Néanmoins, il ne permet pas d'affirmer si elles sont cancéreuses ou non.

Échographie

Une échographie peut également permettre de détecter d'éventuelles métastases. Elle sera particulièrement intéressante pour étudier le foie, l'un des premiers sièges de métastase en cas de cancers colorectaux.

Des échographies du petit bassin peuvent également se révéler intéressantes, éventuellement pour remplacer un scanner.

IRM

Toujours dans le cadre de l'étude d'éventuelles extensions du cancer du côlon, l'IRM (imagerie par résonance magnétique) du foie peut être judicieuse. Elle constitue une alternative supplémentaire au scanner.

Analyses de sang pour le diagnostic du cancer du côlon

Les analyses de sang sont très intéressantes pour le diagnostic du cancer colorectal puisqu'elles permettent d'évaluer l'état de santé général du patient. Cela est extrêmement utile pour s'assurer qu'il n'y a pas de contre-indication particulière à certains traitements du cancer du côlon, notamment à certaines chimiothérapies. On pratique généralement :

  • une numération de la formule sanguine pour détecter une éventuelle anémie (si certaines anomalies sont décelées, une chimiothérapie peut être contre-indiquée) ;
  • une analyse biochimique pour s'assurer du bon fonctionnement de certains organes, notamment du foie (cela permet de suspecter des métastases hépatiques ou d'autres troubles) et des reins (par dosage de la créatinine) qui pourraient contre-indiquer certains examens et demander d'adapter la posologie de certains traitements chimiothérapeutiques ;
  • un dosage des marqueurs tumoraux et, dans le cadre du cancer colorectal, de l'antigène carcino-embryonnaire (ACE) qui donne des informations sur la présence de la tumeur ;

À noter : ce marqueur n'est pas suffisamment spécifique pour établir à lui seul le diagnostic de cancer du côlon puisqu'une tumeur colorectale peut se développer sans que le taux d'ACE ne change.

On peut aussi réaliser la détection de l’ADN tumoral circulant (ct ADN) qui peut constituer un biomarqueur non invasif utile, susceptible de permettre d'évaluer l’efficacité des traitements administrés et de détecter précocement les risques de récidives (teste fiable dans 70 % des cas).

Source : Reinert T : Analysis of Plasma Cell-Free DNA by Ultradeep Sequencing in Patients with Stages I to III Colorectal Cancer. JAMA Oncol, published online ; May 9, 2019.

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