La chimiothérapie du cancer du côlon est un autre traitement possible, au même titre qu'une opération chirurgicale, une radiothérapie ou la pose d'un anus artificiel. Le traitement du cancer du rectum possède sa propre spécificité.
Chimiothérapie du cancer du côlon : pas systématique
La chimiothérapie du cancer du côlon est loin d'être systématiquement employée. En effet, l'opération du côlon reste le traitement privilégié. La chimiothérapie ne sera utile et efficace qu'en cas de cancer colorectal particulièrement étendu et s'il a traversé la paroi du côlon.
Ainsi, le traitement chimiothérapeutique n'est pas adapté pour les cancers du côlon aux stades initiaux :
- les cancers de stades 0 et I peuvent être traités uniquement par chirurgie ;
- les cancers de stade II ne nécessitent que rarement une chimiothérapie (tout au plus si la tumeur est particulièrement agressive).
En revanche, la chimiothérapie convient aux cancers avancés :
- Cancer du côlon de stade III ayant envahi les ganglions lymphatiques. Il s'agit alors d'une chimiothérapie adjuvante qui vient compléter la chirurgie (elle est pratiquée chez 50 % des patients ayant été opérés pour un cancer de stade III mais chez 30 % d'entre eux le cancer va récidiver).
- Cancer de stade IV (cancer colorectal métastatique) grâce à l'action globale de la chimiothérapie (elle peut aussi être administrée directement dans l'organe à traiter, par exemple, avec une chimiothérapie intra-hépatique). La chimiothérapie peut être employée :
- avant une opération afin de détruire les cellules cancéreuses avant même qu'elles ne donnent des tumeurs,
- après une opération pour détruire d'éventuelles cellules cancéreuses résiduelles,
- entre deux interventions pour réduire la taille des tumeurs,
- comme traitement principal dans les cas où la chirurgie n'est pas possible.
La chimiothérapie permet de réduire les risques de récidives et d'améliorer les chances de rémission. Elle permet aussi de soulager les douleurs lorsque les symptômes sont particulièrement marqués (on parle de chimiothérapie palliative).
De nombreux médicaments efficaces
Même si la chimiothérapie du cancer du côlon n'est pas systématiquement utilisée, de nombreux médicaments se révèlent efficaces.
Les plus souvent employés sont :
- le 5-fluoro-uracile (ou 5-FU, à base de fluoropyrimidines) ;
- les injections d'oxaliplatine ;
- les injections d'irinotecan.
Ces médicaments, leur combinaison (par exemple le 5-FU est souvent combiné à l'acide folinique), leur dosage, leur fréquence d'administration et la durée du traitement (cures) seront adaptés en fonction des caractéristiques du cancer.
À noter que depuis 2019, l'ANSM a durci les conditions de prescription du 5-FU en raison de sa toxicité sévère chez les patients présentant un déficit complet ou partiel en DPD (enzyme impliquée dans l'élimination des fluoropyrimidines).
La prise quotidienne d’aspirine, à raison de 80 à 325 mg en complément des autres traitements, peut augmenter jusqu’à 20 % les chances de survie des patients, en limitant la propagation du cancer colorectal.
Les séances de chimiothérapie du cancer du côlon
Le traitement du cancer du côlon par chimiothérapie peut se faire :
- de façon continue, tous les jours pendant une période donnée ;
- sous forme de cures (par exemple, à raison de deux jours toutes les deux semaines) entrecoupées de périodes de repos.
Dans tous les cas, les cancers du côlon métastasés nécessitent des traitements chimiothérapeutiques de longue durée (parfois plus de 12 mois). Cependant, une étude internationale a montré que diviser par deux la durée de la chimiothérapie (3 mois au lieu de 6) chez les patients souffrant d'un cancer du côlon à faible risque serait tout aussi efficace (75 % de guérison dans les deux cas), réduirait les effets secondaires du traitement (lésions nerveuses par exemple) et améliorerait leur qualité de vie.
La séance de chimiothérapie se déroule en 3 étapes :
- Avant chaque séance, un examen clinique et des tests sanguins sont pratiqués pour s'assurer que le patient est suffisamment en forme pour pouvoir supporter le traitement. Si ce n'est pas le cas, la séance peut être reportée.
- Pendant la séance elle-même, le patient est perfusé, les médicaments étant administrés par voie intraveineuse. Certains médicaments comme le 5-FU existent également sous forme de comprimés.
- Après chaque séance, le patient rentre chez lui. Il est aussi possible, dans certains cas, de recevoir le traitement directement à son domicile, un professionnel de santé étant chargé de réaliser la perfusion et d'administrer le traitement.
À noter : il existe également des équipements automatiques préprogrammés qui diffusent les médicaments selon un planning établi ; ce système permet aux patients de poursuivre leur traitement à domicile.
Association de la radiothérapie et de la chimiothérapie contre le cancer du côlon
La chimiothérapie adjuvante pratiquée avant une intervention chirurgicale peut s'accompagner d'une radiothérapie de 45-50 Gy (grays, unité de dose de radiations). L'objectif est de réduire encore plus efficacement la taille de la tumeur avant qu'elle ne soit retirée plus efficacement et avec de meilleurs résultats.
Pour que l'association radio-chimiothérapeutique soit optimale, il faut observer un intervalle supérieur à 6-8 semaines entre la chimio-radiothérapie néo-adjuvante et la chirurgie. Dans ces conditions, les taux de rémission complète (donc de survie sans récidive) augmentent de 6 % (passant de 13,5 à 19,5 %), et ce, sans modifier le taux de complications.
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Traitements contre le cancer colorectal
Sommaire
- Différents traitements possibles
- Vivre avec la maladie
- Prévenir un cancer colorectal